Cette émotion fondée sur la croyance que l’on a mal agi, que l’on aurait dû mieux faire ou que l’on est pas à la hauteur nous renvoie à un sentiment d’indignité. Elle nous fait croire que nous ne sommes pas valables tels que nous sommes.
En somme, elle nous interdit toute spontanéité, elle réfrène notre besoin naturel d’être soi-même en toute circonstance. La culpabilité est le poison qui nous raconte le plus grand mensonge au sujet de qui nous sommes.
Non, nous ne sommes pas mauvais! juste imparfaits
Le temps est venu d'arrêter de croire à ce grand mensonge collectif (que nous portons dans notre inconscient) qui tente de nous donner l'illusion que nous sommes coupables par nature. Être imparfaits ce n’est pas une faute. c’est être en apprentissage à l’école de la vie. C’est cheminer pour aller à la rencontre de soi.
En attendant d’être parfaits, (ce qui n’est pas prêt d’arriver) nous pouvons toujours faire de notre mieux avec ce que nous avons à notre portée et en fonction de ce nous sommes présentement.
Dès qu’il est insatisfait de lui-même, dès qu’il se trouve nul, fautif, minable ou peu méritant, l’être humain commence à ressentir de la culpabilité. Plus nous la ressentons et plus nous nourrissons l’intime conviction que nous ne méritons pas d’être acceptés par les autres, que nous en sommes indignes. Nous allons aussi nous mettre à croire qu’il n’y a pas de place pour nous en ce bas monde ou que si nous la prenons, nous volons la place de quelqu’un de plus méritant.
Ce que la culpabilité nous amène à croire de nous-même est extrêmement néfaste puisqu’elle nous donne la sensation que nous devons être différents. Il est vrai qu’en tant qu’être humain nous ne sommes pas à notre plein potentiel, que nous avons encore énormément d’aspects de notre être à mettre en lumière et des blessures à résilier. Cependant, être imparfaits ce n’est pas une faute mais un état naturel.
Nous ne sommes pas coupables de nos blessures. En revanche, il en va de notre responsabilité de ne pas les laisser en l’état.
La culpabilité : une invitation à s'auto évaluer
Il arrive pourtant que la culpabilité ressentie puisse nous être profitable. C’est le cas lorsqu’elle remplit sa véritable fonction qui consiste à ce que nous nous tournions en nous-même sans mauvaise foi pour faire l’auto-critique de nos pensées, paroles et de nos comportements.
Grâce à cette introspection nous pouvons avoir une idée de ce que nous désirons faire évoluer dans notre façon d’être et d’agir. Ce questionnement intérieur nous offre aussi la possibilité de définir les valeurs qui nous sont chères et que nous souhaitons mettre en avant dans nos comportements.
En ce sens, la culpabilité nous invite à la responsabilisation plutôt qu’à la victimisation. La responsabilisation étant une valeur de notre moi supérieur alors que la victimisation est une valeur de l’égo. La culpabilité ressentie peut donc nous aider à prendre conscience que nous avons donné trop de pouvoir à l’égo.
La culpabilité est indéniablement toxique dès lors que nous nous laissons diriger par elle car nuisant à l’estime de soi elle inhibe notre créativité naturelle pouvant aller jusqu'à détruire notre amour-propre en se transformant en honte. La culpabilité doit être un moteur en nous motivant à devenir meilleur. Il est préférable qu'elle reste à sa place de lanceur d’alerte venant nous rappeler à quel point nous sommes impatients d’évoluer. Chaque fois que la culpabilité est ressentie avec trop de force, nous nous déresponsabilisons de ce qui nous arrive en faisant la victime.
La culpabilité sainement appréhendée peut motiver au changement et inciter à se réconcilier avec ses valeurs personnelles.
Faire culpabiliser à quoi ça sert ?
Les personnes qui ne se sentent jamais ou presque jamais coupables ont un ego qui règne en maître des lieux. Elles ont tellement peur d’être inestimables qu’admettre leurs imperfections est inenvisageable. Elles sont bloquées dans leur processus interne de questionnement. Reconnaître leur état d’imperfection serait perçu comme une mise en danger. En apparence, elles possèdent une confiance en soi solide mais en vérité il n’en est rien. Il s’agit d’un camouflage bien rodé qui leur permet de se croire conforme aux attentes du monde extérieur et qui ainsi les sécurise. Étant donné que cette confiance en soi illusoire repose sur une idéalisation de leur personnalité, elle n’est en fait qu’un camouflage de leur désamour de soi.
Notre âme a souffert par le passé, elle est encore blessée à l'heure qu'il est. L'égo s'est mis à croire qu'on l'a blessée parce qu'elle est trop différente des autres, que cette différence est une tare, un loupé. En réponse à cette croyance l'égo nous fait nous sentir coupable, ce qui est très inconfortable. Si je me sens coupable d'être différent alors je vais faire tout mon possible pour rentrer dans le moule de ce que je crois être la normalité et me mettre à faire des choses qui ne me correspondent pas. Ou alors, je vais me mettre à médire/accuser les autres pour me sentir moins nul. En rabaissant l’autre, je peux un temps me sentir meilleur. Ce sont des mécanismes qui me protègent de ce sentiment trop douloureux qu'est la culpabilité et qui me fait me sentir anormal. Il en existe d'autres. L’ego veut tellement impressionner l'entourage qu’il trouve plein de moyens pour nier et refouler la culpabilité ressentie.
Plus nous cherchons à nous suradapter pour être appréciés et plus nous jouons un rôle discordant de notre couleur d'âme. Ce rôle qui nous donne l'impression d'être protégés est en définitive un piège autant qu'un handicap car plus il fait son effet et moins l’on prend le risque d’être authentique. De plus, tout au fond de nous, nous savons que d'une certaine manière nous manquons de courage en jouant ce rôle, ce qui alimente d'autant plus la culpabilité qu' à un moment donné nous n'arrivons plus à gérer. Ce fonctionnement vient nous dire que nous ne nous aimons pas suffisamment et que nous souffrons de ne pas réussir à être plus que ce que nous sommes.
L’ego veut impressionner l’entourage. Il nous fait dire que ce qui nous diffère des autres est une tare, un loupé. Il nous fait nous sentir coupable ce qui est très inconfortable. Alors, l’on va se mettre à accuser les autres pour se sentir moins nuls. En rabaissant l’autre, je peux me sentir meilleur!
En alchimie spirituelle, le courage signifie "tuer le dragon" dans le sens de dompter ses peurs. Le vrai courage consiste à être authentique avec soi-même et à assumer ce que l'on pense.
Un peu de spiritualité…
Considérons la chose sous un angle spirituel et nous réaliserons qu’ aucune personne ne peut être considérée coupable de ses imperfections ou de ses manquements puisque nous sommes tous sur un chemin d’évolution. Qui dit évolution, dit imperfections provisoires plus ou moins prononcées. Nous nous incarnons sur terre à la demande de notre âme qui aspire à connaître le sacré. Cela se fait en vivant des expériences inédites et en apprenant à travers celles-ci ce que nous ne connaissons pas encore. Il est logique de ne pas parvenir à être à la hauteur face à une situation inédite. Mais culturellement nous sommes conditionnés à nous croire nuls ou mauvais lorsque nous échouons.
Cependant, l'on peut y voir un aspect positif car l'inconfort émotionnel ressenti face au sentiment d’échec est ce qui peut motiver l'humain à se poser de nouvelles questions. Ce questionnement, qu'il soit intérieur ou partagé avec une personne, va progressivement contribuer au réveil de la conscience. La vie est au service de notre évolution. C'est sûr que l'on pourrait parfois en douter, pourtant la vie est un élan d'amour.
En comprenant davantage le pourquoi spirituel des choses nous développons la compréhension. Il nous devient ainsi plus facile d’être tolérant. Mais poursuivons. Nous ne sommes pas tous au même stade. Il existe de grandes différences entre les êtres ce qui n'enlève rien en leur valeur intrinsèque. Nous faisons donc de notre mieux avec notre niveau de conscience actuel et notre histoire personnelle. Ce principe nous montre à quel point il est insensé de juger une personne sur des a priori et encore plus insensé de la culpabiliser alors qu’elle comprend le monde selon sa conscience du moment.
De plus, en tant qu'âme nous venons sur terre faire l'expérience de la séparation. Bien que nous soyons tous liés par la loi de l'Un, nous sommes néanmoins tous uniques. C'est ce principe d'individualité qui donne tout son intérêt à l'experience humaine. Nous avons donc entre autre pour mission d'assumer notre spécificité naturelle (d'où l'importance de se débarrasser de la culpabilité ressentie face à la différence). Plus nous le ferons, plus nous nous sentirons épanouis et plus nous rayonnerons.
La seule et vraie culpabilité qui puisse exister est celle de refuser de se remettre en question par excès d’orgueil. Dans l’absolu, en dehors de cette faute il n’y a pas de faute puisque chaque personne est sur un chemin de perfection/évolution.
L’imperfection est naturelle chez l’être humain
L'enfant vient sur terre avec son bagage karmique. De fait, il connaît des choses et en ignore d’autres. Aucune âme n'a le même parcours karmique à son actif. Les enfants (ni même les grandes personnes d'ailleurs) ne peuvent donc être tenues responsables de n’avoir jamais expérimenté telle ou telle situation ni même d'avoir besoin de contextes de vie inédits pour assimiler la leçon que l'âme a à en rextraire. Juger sur le plan humain est toujours réducteur car nous ne connaissons pas l'histoire de l'âme qui réside dans le petit être incarné. Alors justement, son âme éprouve présentement le désir d’explorer un aspect de la vie jusqu'alors inabordé ou abordé sous un angle totalement différent, ou encore que partiellement abordé si bien que lorsqu’il fera pour la première fois une expérience encore inédite pour lui telle que apprendre la persévérance, développer la logique ou se socialiser sans utiliser la force, il y a alors de grandes probabilités pour qu'il ressente un sentiment d’infériorité dans une culture où la comparaison est normalisée et le jugement considéré comme un outils pédagogique efficace.
Le sentiment d'infériorité qui en découle constitue le terrain fertile pour faire apparaître la culpabilité faute d’être accueilli dans son droit à ne pas encore connaître, à être ignorant et débutant. Nous n'avons pas développé les mêmes talents dans nos vies passées ni acquis les mêmes aptitudes. Idem pour les valeurs morales. Il nous faut vivre des situations de plus en plus complexes pour les appréhender entièrement dans toute leur complexité.
L'enfant encore novice, comparé aux autres enfants et devant se confronter au regard dubitatif de l’adulte qui considère que tous les enfants du même âge sont censés avoir les mêmes aptitudes se sent bloqué dans son droit à être néophyte. Pour éviter d'être jugé, il va soit s'inhiber, soit tricher. Ainsi faisant, il s'épargne de la culpabilation des autres personnes mais ce fonctionnement à un coût très onéreux puisque de toute manière il se sentira quand même coupable de ne pas se montrer au monde tel qu'il est avec ses imperfections et limitations. Les adultes manquent généralement d’indulgence et d’ouverture d’esprit car il n'intègrent pas dans leur pédagogie le principe d'évolution de l'âme. De ce fait, la grande majorité des enfants sont jugés et humiliés dès leur plus jeune âge. En ce sens, la méthode Montessori qui n'a plus à faire ses preuves est vraiment respectueuse du droit de l'enfant à s'élever à son rythme selon ses besoins spécifiques en tenant compte de ses forces et des défis qu'il souhaite relever. Ce n'est pas l'adulte qui décide à sa place dans une dynamique de domination propre à la toute puissance.
De toute façon, un enfant se bloque lorsqu’il est jugé ou moqué. Il se met à oublier (de toute façon il n'a guère d'autres choix que de se soumettre) qu’il est foncièrement libre par nature, qu’il n’appartient à aucun être humain et qu'il n'a pas à chercher à plaire pour être apprécié ou ne serait-ce que pour être respecté. Il oublie qu’il est venu se parfaire à l'école de la vie parce qu'on lui enseigne qu'il devrait être comme les autres.
C’est par la compréhension et l'acceptation de notre être que nous nous éveillons au fil des expériences auxquelles nous nous confrontons. Et plus nous nous éveillons, plus nous sommes à même d’adopter des attitudes de plus en plus nobles (de moins en moins instinctives ou primitives) en accord avec nos besoins du moment et en harmonie avec notre Soi authentique.
S'aimer soi-même, ce n'est pas de l'égoïsme, c'est du bon sens.
Plus nous nous éveillons et plus il est facile d’être indulgent
Nous pouvons objectivement considérer que l’une des raisons de vivre consiste à intégrer avec puissance les attributs sacrés inhérents à l'intelligence du cœur dans une tonalité propre à chacun. Finalement, dans un monde de tolérance et d’ouverture aucune personne ne se sentirait coupable ni même honteuse d’être imparfaite et différente. Mais c’est justement parce que nous sommes à un stade d'imperfection que nous nous jugeons et jaugeons. En s'incarnant dans un monde de disparités, l'âme à l'opportunité d'apprendre à aimer sans juger, c'est l'un des plus grands défis qu'elle a à relever.
Commençons par nous aimer nous-même. Cessons de nous juger pour nos manquements, acceptons d'être là où nous en sommes sur le chemin de la vie.
A l'instar du potier avec sa glaise, nous sommes destinés à nous “parfaire” en œuvrant sur nous-même grâce à la vie qui nous offre un terrain de jeu incroyablement riche.
Dans la dualité autrement dit dans un monde "imparfait" où la souffrance existe, la beauté se découvre à nous à l'arrêt de la souffrance (ce qui ne veut pas nécessairement dire que nous sommes contraints de souffrir pour apprendre). Lorsqu'il n'y a plus de peurs notre égo se calme, la carapace qu’il avait bâtie se décompose pour laisser place au dévoilement du cœur qui peut enfin mettre en lumière ce qui jusqu’alors était caché. Quand il n’y a plus de culpabilité, apparaît la simplicité puis la liberté d'être.
Poursuivez votre lecture sur la culpabilité avec l'article : La culpabilité savoir s'en protéger https://www.mathilde-viguier.fr/mes-articles/la-culpabilite-savoir-sen-proteger