Objectif de consultation :
Faire face aux relations complexes et toxiques
Si toutes les relations sèment de temps à autre des troubles et dérangent, fort heureusement, elles ne sont pas forcément toxiques. On parle de toxicité relationnelle lorsque les conséquences sont tellement préjudiciables qu’elles en viennent à impacter la vie et la santé (morale et physique) de ou des individus concernés. Une relation toxique nous plonge progressivement dans un mal-être chronique, elle stresse, vide, épuise, dévalorise et fragilise.
Il est essentiel d’apprendre à reconnaître les signes inhérents à ce type de relation, car qui dit relation toxique, dit profils et comportements nuisibles avec un besoin prédominant de contrôle. Cette intention est volontairement cachée par une posture altruiste et une apparente bienveillance. De ce fait, poser des limites est hasardeux étant donné que la personne que l’on a en face de soi ne montre pas ses réelles intentions. Comment refuser quelque chose qui n’est pas montré? Comment dire stop à quelqu’un qui est dans le déni de ses mécanismes psychologiques?
Il est question de personnes fragiles qui se font passer pour plus fortes qu'elles ne le sont. Étant donné que leur mode relationnel est pernicieux, il est difficilement identifiable. On se rend surtout compte qu'il y a un problème quand on commence à leur résister. Et lorsque l’on réalise qu'on est en train de se faire abuser, l’emprise est déjà fortement installée.
On a à faire à une double contrainte : la première réside dans le fait d'être face à quelqu'un qui ne veut ou ne peut pas admettre ses dysfonctionnements (déni, mauvaise foi). L'autre contrainte résulte dans la dynamique de co-dépendance alimentée par l'emprise.
Se prémunir des profils toxiques comme de leurs agissements s'avère compliqué car il ne suffit pas de s'en éloigner pour que cesse l'emprise. Avant tout, c'est une lutte avec soi-même qui est en jeu. Il y a un travail sur soi à faire pour apprendre à ne plus céder, pour être de moins en moins influençable et pour voir la situation telle qu'elle est au-delà de ce que l'on ressent parce que la mainmise est avant tout psychologique.

Loin de constituer des exceptions, les personnalités complexes sont omniprésentes. Plus que des divergences de caractère, ces profils pathogènes sont une entrave au bon vivre ensemble. Les identifier contribue à trouver sa juste place relationnelle.
# Tous les profils ne portent pas aux mêmes conséquences, voici quelques exemples de profils complexes : ≈ manipulateur narcissique, ≈ pervers narcissique. ≈ passif-agressif, ≈ tyrannique, contrôlant ≈ rigide, manque de sensibilité émotionnelle, ≈ persécuteur, harceleur, ≈ compétiteurs-agressif, ≈ victimaire-manipulateur, ≈ fuyant-évitant, ≈ complexe du sauveur, ≈ séducteur, histrionique, ≈ syndrome de la fée Clochette, de Peter Pan, de Wendy, ≈ limite, borderline, ≈ anxieux, dépressif, etc.
Dès lors que l’on commence à avoir des soupçons, ce que l’on cherche à faire en premier lieu, c’est de repérer les comportements inappropriés de la personne avec qui on relationne. Bien sûr que c’est nécessaire, cependant, avant d’investiguer à fond de ce côté-là, il me semble important de faire un état des lieux complet et objectif de ses propres symptômes. Admettre ses souffrances et reconnaître son impuissance à faire mieux n’est pas une posture de victime. C'est une attitude responsable et courageuse. C’est le premier pas menant vers un assainissement relationnel ou vers la séparation.
# Croyant bien faire, la victime s'habitue à :
≈ Guetter le moindre signe d’approbation.
≈ Développer une perception de soi altérée (se croire idiote, nul, moche, inutile, etc).
≈ Perdre sa spontanéité par crainte d’une réaction innatendue.
= Se sentir perdue car il y a une dissonance entre ce qui est dit et ce qui est montré.
= Se justifier en permanence.
≈ Culpabiliser pour un rien, croire qu’elle n'est pas à la hauteur.
≈ Ne plus avoir les idées claires, se sentir confus, douter de sa mémoire, perdre la tête.
≈ Se mentir à elle-même pour se motiver à rester dans la relation.
≈ Être fragilisée moralement et physiquement (épuisement, surmenage, angoisse).
≈ Se couper des autres, s'isoler.
≈ Renier ses besoins et parfois ceux de ses proches.
≈ Ne plus avoir d'envies et de projets personnels.
≈ se discréditer et à se décrédibiliser vis-à-vis de l’entourage.
≈ Croire que ce que l’autre projette sur soi est réel tout en observant l’autre faire et dire ce qu'il reproche.
≈ Accepter de la maltraitance en se disant que c’est mérité.
≈ Ne plus savoir ce que l’on ressent.
≈ Vivre dans la peur de ne pas bien faire ou de mal dire.
Il convient de distinguer les personnalités complexes voire toxiques de la perversion narcissique. Il existe de nombreuses similitudes à une différence notoire qui est que le pervers narcissique est stimulé par un besoin de destruction. En revanche, si une personne ayant un profil de personnalité complexe mais non perverse cherche à détruire, cela n’est nullement son but. La destruction pourra être un moyen mais pas un but recherché. Cette distinction est fondamentale pour évaluer une hypothétique viabilité relationnelle.
Comme il est impossible de faire une synthèse de tous les profils, je vais me focaliser sur le profil le plus courant qui est le profil narcissique-contrôlant. Ce qui importe par-dessus tout à ce profil hautement toxique, c'est l'envergure de son aura. Ce qu'il veut, c'est être important aux yeux des autres, avoir du pouvoir et dominer. Il est en quête de miroirs pour refléter l’image idéalisée qu’il a de lui-même et qui repose entièrement sur son besoin d’être traité comme quelqu'un de spécial.
Ce qui est grave, c’est qu’il est incapable de voir l’autre dans sa singularité. L’autre personne n’est là que pour valoriser son image et ses intérêts. La manipulation lui sert à établir une image de supériorité. Tantôt il dénigre et dévalorise, tantôt il charme, flatte, allant jusqu'à se montrer jovial. Ce n'est pas tellement qu'il est lunatique, c'est surtout que ce fonctionnement lui permet d'entretenir un climat de stress. Ce qui est pratique pour obtenir la place de leader. Il sait comment faire illusion pour que l’on croit à ses histoires qu'il finit par confondre avec la réalité.
Ce qu'il faut retenir, c'est que dans une relation toxique avec une personnalité narcissique, on est là pour l’autre, pas pour être aimé par l’autre. Quand bien même ça a la saveur de l'amour, ce n'est pas de l'amour.


# A quoi peut-on identifier une personnalité toxique-narcissique-contrôlante ? ≈ Caractère imprévisible et versatile. ≈ Besoin effréné d’être au centre de l'attention, de séduire, de plaire, d’être approuvé. ≈ Peu de tolérance à la frustration. ≈ Egocentrisme prononcé, fait peu de place aux autres. ≈ Susceptibilité, irritabilité non assumée. ≈ Besoin de contrôler et d’avoir de l’influence. ≈ Mauvaise foi, fermé à la remise en question. ≈ Empathie fausse et simulée, instrumentalise les autres en se montrant charmant. ≈ Biaise la communication. ≈ Fait la morale et dénigre. ≈ Flatte et séduit pour cacher son jeu. ≈ Fait culpabiliser, n’admet pas ses erreurs qui sont reportées sur les autres. ≈ Joue des rôles pour être aimé. ≈ Use du chantage et fourvoie les émotions de la victime.
Gardez à l’esprit que les critères peuvent considérablement varier d’une personne à l’autre. La liste proposée n’est qu’une ébauche, ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que la personne porte des masques psychologiques qui lui servent à impressionner et à manipuler son entourage. Plus on la côtoie, plus on se rend compte que ce qu’elle montre ne colle pas avec la réalité. Mais cela, elle ne l’admettra jamais, alors pour ne pas perdre sa crédibilité, elle n’hésitera pas à faire de l’enfumage mental. D’où la dangerosité d’une relation toxique qui finit par porter sur les nerfs et détruire l’estime de soi.
Il se peut que vous vous soyez reconnu dans certains critères de la liste cependant, une personne non narcissique ne cherche pas à n'importe quel prix à compenser son estime d’elle-même, même lorsqu’elle est défaillante. Elle préfère construire des relations qui reposent sur le partage et le respect de chacun. En revanche, toute la vie d’une personne narcissique est consacrée à cette quête. D’ailleurs, son besoin de contrôle découle de cette obsession.
La relation toxique repose sur la problématique suivante : Vous devez impérativement contribuer à narcissiser la personne avec qui vous relationnez, ce qui d’ailleurs est une cause perdue. En effet, le véritable amour de soi consiste à pouvoir être soi sans s’excuser d’être. La quête du narcissique réside essentiellement sur le besoin boulimique et intarissable d'être admiré, et d’obtenir des privilèges. Dès que les premières résistances arrivent, un rapport de force s’installe car ils ne supportent pas qu’on leur résiste.
≈ Des limites non respectées, cela consiste par exemple à : ≈ Donner des conseils non sollicités. ≈ S’auto persuader que l’on mérite plus d’attention et plus de privilèges que les autres. ≈ Parler plus fort que tout le monde et porter peu d’intérêt à ce que disent les autres. ≈ Considérer que ce que ressent l’autre n’est pas très important. ≈ Faire en sorte d'attirer autant que possible l’attention sur soi. ≈ Accorder plus d'importance à ses difficultés qu’à celles de l’autre. ≈ Refuser de prendre sa part de responsabilité quand un problème surgit. ≈ Ne jamais s’excuser ou alors seulement s’il y a un intérêt à la clé. ≈ Arriver systématiquement en retard. ≈ Appuyer là où ça fait mal plutôt que d’apporter du soutien et des encouragements, etc.

Pour qu’une relation soit saine il faut pouvoir se sentir libre de poser des limites pour préserver son espace idans le respect et l'amour de soi. Tout permettre ne parle pas d’amour inconditionnel mais de soumission, de manque d’affirmation de soi. Il y a donc un travail à faire pour comprendre d’où cela vient et pour découvrir pourquoi on a accepté d’être traité ainsi. Nous avons besoin de ces informations pour ressentir pleinement la nécessité de ne plus laisser faire. Cette compréhension permet de mieux se connaître soi-même et de se redonner de l'importance.
Il devient alors plus facile de dire non aux abus et s’il le faut, de renoncer définitivement à la relation.